> Mardi 2 avril.
Chambéry-Challes les eaux
Entre Chambéry et Challes les eaux s'étend une large zone commerciale semblable à tant d'autres. Interminable, monotone, triste. Mais au bout, en plein cœur de Challes, niche une maison vivante. D'architecte mais façonnée par ceux qui y vivent. Nous partageons deux soirées de couchsurfing passionnantes avec eux qui nous ont si spontanément ouvert la porte d'une chambre sans nous connaître. Ici on a déjà voyagé un an autour du monde, on cherche des transitions vers la simplicité, on a traversé des océans à la rame, on prévoit de rallier l'Amérique dans un voilier manoeuvré par des jeunes en réinsertion. Notre hôte musicien vole en parapente, soigne ses poules et cultive son jardin.
Lyon-Turin
Pourquoi être venus à Chambéry ? Parce que bien au-delà de la simplicité heureuse de nos hôtes couve ici un projet de « développement » qui mérite d'être interrogé. Sur les rails depuis 20 ans, le projet ferroviaire du Lyon-Turin menace de s'enflammer à l'image d'un Notre-Dame des Landes.
Entre Lyon et Turin existe une ligne de
train qu'empruntent des TGV et des wagons de fret ferroviaire. Des
élus locaux, ainsi que le gouvernement, soutiennent le projet de
réalisation d'une seconde ligne qui réclamera de percer la montagne
entre Modane en France et Suse en Italie sur 57 km. Le tunnel actuel
en fait 12.
Une coordination d'opposants dénonce
cet investissement à 30 milliards d'euros. Nous les avons
rencontrés. Depuis un an, ils démontent dans un travail patient et
obstiné les arguments des promoteurs sur l'utilité même du projet.
Ils posent des questions que la commission d'enquête d'utilité
publique a tenté d'éluder, pour des raisons peu avouables de
conflits d'intérêts larvés. Experts citoyens, ils entendent
démontrer que l'on peut moderniser une ligne du 19e siècle pour
l'adapter aux besoins, raisonnés et raisonnables, du 21e. Ils
parlent optimisation de la ligne existante en terme de ferroutage et
priorisation des besoins régionaux en transports collectifs. Des
questions complexes qui méritent d'être posées dans un réel débat
citoyen. La coordination est déjà soutenue par la confédération
paysanne, France Nature Ecologie, Europe Ecologie les Verts. Dans ce
dossier subtil, défendre l'environnement n'est pas vouloir à tort
et à travers n'importe quel projet de greenwashing. De quoi
avons-nous réellement besoin ?
Nous l'avons emprunté ce Lyon-Turin,
pour nous de Chambéry à Milan. Un petit air de fronde.
Bon à savoir : Le jambon Aoste
vient d'Isère, contrairement au jambon d'Aoste. Une réunion
de la coordination des opposants nous ayant conduit jusqu'en Isère à
Chimilin, nous avons pu découvrir un petit village voisin « Aoste »
vantant les mérites de son jambon. Intrigués, nous avons eu une
explication par un des opposants. Propriété du groupe
agroalimantaire Aoste, le jambon d'Isère n'a rien à voir avec la
véritable spécialité de jambon cru d'Italie. Ici, les carcasses
viennent de Chine ou des Etats-Unis. La commission européenne a
d'ailleurs du intervenir en 2008 pour que cesse la confusion. Depuis
la marque ne peut aposer le terme « Jambon d'Aoste »,
mais plus sobrement « Jambon Aoste ».
http://lyonturin.eu/
RépondreSupprimerun court métrage qui en dit long