mercredi 28 août 2013

Déroutage?


 > Mardi 13 août. A la poursuite de visas chinois pour espérer atteindre enfin les rives du Pacifique, nous aurons erré de Tachkent en Bichkek, n'apercevant de la vallée de Ferghana ouzbek que les plis d'un rideau, sous l'enclume pesante de la maladie, cuisante et décourageante. Déboutés à Tachkent, nous arrivons à Bichkek comme dans un roman d'aventure. Nous savons vaguement que notre obtention du précieux sésame passera par les services, mystérieux, d'une certaine Miss Liu, bien connue des voyageurs vers l'Est.

Confiants, nous avons à peine le temps d'apercevoir ses boucles brunes au fond d'un bureau reclus que le couperet s'abat sur nous. Depuis cette semaine exactement, les autorités chinoises ont décidé de changer la donne. Plus de visas aux étrangers en dehors de leur pays d'origine. Volonté de limiter les incursions par l'Ouest où les Hans expérimentent l'âpreté de la rébellion ouïghour? Comment savoir. Un détour à l'ambassade en compagnie d'un sous-fifre de l'énigmatique Miss Liu et l'opacité du manège s'expose de plus belle à nos yeux. Une joyeuse cohue d'intermédiaires bardés de passeports et de passe-droits. Pas pour nous malheureusement.

Rompant notre pacte, nos passeports s'envolent donc pour le France, espérant là-bas de meilleurs auspices. Et s'il fallait envisager un contournement par la Russie et Vladivostok ? Envolé le Pacifique Sud. Le Pacifique est mort, vive le Pacifique. Là haut nous attend l'inespéré. La Corée, le Japon, la Micronésie ? Ce qui arrivera sera toujours la meilleure option.

« On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait ». Nicolas Bouvier, L'usage du monde.

Photo: Bichkek


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