dimanche 12 mai 2013

Zelenkovac




> Jeudi 2 mai. Il y a plus de vingt ans, Borislav « le Fou », l'artiste, a décidé de s'isoler dans un vieux moulin de bois qui appartenait à son grand-père. Le moulin suspendait ses ruines à un torrent de montagne, niché à 12 km de Mrkonjic Grad, en Bosnie. Borislav avait bien tenté la grande aventure artistique à Munich, jeune homme, en 1984. Dans les galeries de la ville on l'avait poliment complimenté pour son coup de pinceau et sournoisement interrogé sur son éventuelle notoriété au sein de la presse de son pays. Borislav avait alors partagé le panier de charcuteries préparé par sa mère avec un vagabond allemand et décidé d'investir le moulin à défaut d'une galerie.

Quelques cabanes sont venues se planter le long du cours d'eau et le moulin est devenu un châtelet de rondins à l'équilibre mystérieux, tout droit échappé d'un conte de Grimm. L'éco-village de Zelenkovac a acquis sa petite notoriété locale, les serbes y viennent au frais pour le 1er mai ou passer un week-end en famille. On y mange des Cevapi, on y joue aux échecs tard dans la nuit. L'été, la « scène » de Zelenkovac accueille un festival de jazz. Au printemps, le village héberge des compétitions de Hajduk, épreuves de force où il est question de traverser la rivière pieds nus sur un rondin enduit d'huile ou de pousser des voitures sur la petite côte qui mène à l'entrée du village. Tout autour du village, les collines sont encore plantées de mines.

Le farniente serbe

Nous rencontrons à Zelenkovac un groupe de jeunes hommes de Banja Luka. Ils s'inquiètent de l'image désastreuse que nous serions supposés avoir des Serbes. A vrai dire, rien de tel. Les exactions ont bien été partagées pendant la guerre. « Please, don't get involve in our politics ! ». Nous acquiesçons, le lieu nous y invite.
Plus tard nous festoyons autour du feu et au son de la psy trans avec les amis de Ian, le fils de Borislav. Lui travaille dans le service international d'un cabinet d'avocats à Voltaire, tout près de chez nous dans le 11e à Paris. Il parle français, a épousé une française, mais nous abandonne à ses amis serbes, tout à la joie de retrouver son père pour 10 jours de vacances. Avec Nikola, Natasha, Kristina, Boyan et les autres, les regards et les sourires tiennent lieu d'échanges à défaut de vraie discussion, entravée par la barrière de la langue.
Nous aimons autant les parties de dominos avec le cuisinier, ses rires et ses farces, le soir dans le moulin-galerie de Borislav.

Photos : Zelenkovac 



1 commentaire:

  1. Mais, on dirait la maison des Weasley dans Harry Potter (et, on ne se moque pas de mes références culturelles ;-) ... ) En tout cas, votre blog est très bien fait, ça permet de s'évader un peu dans ses contrées pas si lointaines que ça mais que nous ne connaissons pas vraiment !!

    Je vois qu'en plus vous faites de belles rencontres ... franchement cela donné envie !! Continuez à nous faire partager vos découvertes !

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