vendredi 18 octobre 2013

Dolce vita chinoise

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Quelques images d'une certaine douceur de vivre lovée, nichée au cœur d'un monde à bien des égards trop grand, trop neuf. De la lenteur préservée du Tai Chi matinal aux hutongs pékinois ou shikumens shanghaïens aux allures de corons. Une vie, aussi, où les gardiens languissent aux bouches des ruelles et où l'on sort sous la pluie en pyjamas.

Photos : Pékin, Shanghai











Voyage en Chine avec un chinois

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> Dimanche 15 septembre. Parcourir la Chine avec l'un de ses ressortissants, qui plus est expatrié en France, vous vaut l'assurance d'entrer de plein pied, voire d'être propulsé, dans une autre façon de voyager. De fait nous avons pleinement voyagé à la chinoise.

Qu'est-ce à dire ? La combinaison d'une multitude de sites, tous plus exceptionnels les uns que les autres et riches d'une histoire millénaire, nos pas dans les pas de millions d'autres avant et avec nous, des sourires et le « V » du bonheur simple immortalisés à l'entrée desdits sites (la quintessence se formalisant en une pierre gravée au nom de l'attraction en question), une profusion de saveurs en de gargantuesques festins à partager au delà de la raison, d'interminables trajets en train ponctués de pauses entre les repas.

Nous aurons eu la chance de sillonner Kashgar, Urumqi, Turpan, Dunhuang, Xi-An, Pékin et Shanghai avec des millions de chinois en vacances en cette période de fête nationale. Des mouvements de foule incroyables pour des yeux d'européens. Paradoxalement, nous n'aurons échappé à la frénésie que dans l'un des vestiges les plus visités de Chine. La Grande Muraille, sur un de ces tronçons laissés presque à l'abandon. Une image émouvante, non encore pleinement autorisée pour et par le tourisme chinois.

Un regret sans doute. Nous n'aurons pu apercevoir la campagne chinoise qu'à travers les vitres des trains. Une campagne elle aussi en pleine transformation, modernisation. Fragile encore. Les villages dévastés par le typhon Fitow, dans les provinces du Zhejiang et du Fujian, sur notre départ vers Taïwan, nous l'auront bien rappelé.

Photos : Urumqi, Turpan, Dunhuang, Xi-An, Pékin, Shanghai














lundi 14 octobre 2013

Minorités

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> Mercredi 11 septembre. Passer dans le Xinjiang se fait sans heurt culturel pour le voyageur ayant arpenté l'Asie Centrale. Cette nouvelle frontière pour les chinois Hans se marierait certes bien avec ses voisins. Notre œil novice a vu beaucoup de l'Ouzbek en l'Ouïghour. Même habitat de pisé au cœur d'une oasis en plein désert, même goût du mouton, et jusqu'à ce couvre-chef octogonal maintes fois aperçu dodelinant au-dessus d'un pas nonchalant.

Qu'en ont-ils fait les Hans, qu'en imaginent-ils de ces minorités qu'ils se vantent de préserver à grand coups de discrimination positive et d'exception à la règle de l'enfant unique ? Les Ouïghours semble-t-il il y a trente ans lisaient en alphabet latin. Un avantage trop certain dans l'apprentissage de l'anglais. Il aura donc fallu leur demander dorénavant d'écrire en arabe. Une situation ubuesque, symbole de la peur de l'autre et de ses atouts, peut-être. L'heure, loin s'en faut, n'est pas à l'autonomie et un « Ouïghourstan » restera sans doute une chimère. La vieille ville de Kashgar vit ses dernières heures, camp retranché en territoire colonisé de gratte-ciels et de barres de béton.

Deux visions pauvres en nuances, outils de propagande, s'affrontent dans l'imaginaire des puissants. Celle d'un Ouïghour terroriste et celle d'un peuple à la frange de l'exotisme, image d'Epinal digne des colonies, chatoyant folklore édulcoré. Juste avant notre passage, quelques jeunes hommes ouïghours avaient attaqué un commissariat de village. Une réaction possible à maintes provocations des forces de l'ordre. Dernière en date, un couple de vieillards humilié, foulard arraché pour la femme, barbe rasée pour l'homme. Une vengeance terrible, un massacre certain, violent, à l'arme blanche. Partout dans les gares, s'affichent encore les avis de recherche les concernant. Des visages juvéniles, si semblables à ces milliers de visages que nous avions croisés pendant deux mois. Presque de sérieux visages d'écoliers dont les lignes ne trahissent pas encore le désespoir qui a pu les conduire à franchir une si dramatique ligne.

Ailleurs, dans des parcs sécurisés et hors de prix, pour les milliers de visiteurs Hans aisés attirés par leur Far West, ces mêmes minorités d'ascendance centrale asiatique, Ouïghour ou Kazakh, prennent un tout autre visage. Celui, blasé, de la représentation. Pour les autorités, il faut bien sauver l'image. Et créer l'illusion de l'union nationale.

Photos : Kashgar, Urumqi