> Lundi 16 décembre. Voyager sur terres et mers, c'est
parfois prendre aussi conscience qu'il existe maintenant des liaisons
sur le globe qui ne peuvent se faire que dans les airs.
A l'issue de notre longue traversée
de la Chine, nous voulions échapper à l'Asie du Sud-Est et filer
droit vers le Pacifique. Taïwan nous avait semblé le parfait pivot
pour ce faire. Nous y avions finalement pris du temps, laissant
s'évanouir l'envie d'explorer plus loin les îles micronésiennes,
mélanésiennes et polynésiennes. Des îlots inaccessibles
par voie de mer en cette saison. Taïwan ne nous avait pas déçus.
Point de départ de tous les peuples
austronésiens du Pacifique, avec encore 14 tribus aborigènes bien
identifiables, un melting pot Han et Japonais, il symbolisait pour
nous toute la richesse du Pacifique. Et jusqu'à peu, des liaisons
maritimes régulières reliaient l'île à l'archipel japonais, route de sortie pour nous.
Jusqu'à peu...
Trompés par des informations datées,
nous nous trouvions face à un quai vide. Plus de ferry entre Taïwan
et les îles Ishigaki ou Miyako de la préfecture d'Okinawa à
l'extrême sud du Japon.
Et pourtant il nous fallait passer par
le Nord. Il ne pouvait être question d'envisager les Philippines,
territoire récemment dévasté et vers lequel aucun ferry n'avait
jamais été mis en place depuis Taïwan. Notre route ne pouvait être
que celle du Nord, le Japon pour rallier la Corée du Sud et enfin
Vladivostok où s'engouffrer dans le Transsibérien du retour.
Nous avons épuisé tous les recours.
Contacté les ports à la recherche d'un hypothétique ferry.
Démarché les compagnies de cargos taïwanaises et japonaises
naviguant dans la région, inflexibles dans leur refus d'embarquer
des passagers. Discuté avec des plaisanciers qui nous ont assuré
qu'aucun voilier n'allait effectuer la courte traversée
Taïwan-Ishigaki en cette saison.
Nous nous sommes rendus à l'évidence,
nous avons capitulé. Nous avons volé. Pas vers Ishigaki car
incroyablement, les îles Yaeyama auquel l'îlot appartient se
trouvent elles aussi coupées d'Okinawa, avec seulement une liaison
aérienne régulière. Nous nous sommes donc projetés au point le
plus proche où trouver ensuite de nouveau une liaison maritime.
Okinawa.